A Marseille s’est tenue les 18 et 19 septembre, la conférence de
clôture du projet Euromed piloté par la fédération Interco-CFDT et
associant 7 organisations syndicales européennes autour des services
publics chargés de l’accueil des migrants.
Communiqué de presse
Clôture du projet Euromed-migration des syndicats européens
Les 18 et 19 septembre 2012 a eu lieu la conférence de clôture du projet EuroMed Information et formation des représentants syndicaux des travailleurs publics sur l’accueil des migrants
financé par la Commission européenne et réalisé par INTERCO-CFDT,
France, en partenariat avec les syndicats d’ Espagne, de Grèce,
d’Italie, du Portugal, et de Roumanie et la FSESP.
La
conférence a réuni plus de 50 délégués syndicaux ainsi que la CIMADE,
une ONG française pour la défense des migrants, EUPAE, les employeurs
européens des administrations centrales de l’Etat, la représentation
régionale à Marseille de la Commission européenne, les secrétariats de
la FSESP et de l’ISP, et Rafaella Greco et Patrick Taran, experts
indépendants.
Le
projet, qui a débuté en 2009, vise à établir une action syndicale
commune dans le sud de l’Europe pour l’amélioration des conditions
d’accueil et de vie des migrants en mettant en avant les conditions de
travail des services publics en contact direct avec les personnes
immigrées.
Dans un contexte d’austérité, les « services des étrangers »
sont souvent les premiers services touchés par les réductions de
salaires et d’emplois. Les migrants subissent de plein fouet les
politiques d’austérité recommandées par la Commission européenne aux
gouvernements. « Au lieu de renforcer la lutte contre la xénophobie
et le racisme, nos gouvernements et la Commission donnent plus de moyens
au contrôle des frontières et moins de moyens aux employés du public
chargés de l’accueil et de la santé des migrants. » a dit Rosa Pavanelli, Vice-présidente de la FSESP et de l’ISP ( FP-CGIL).
La présentation de l’enquête du projet “L'accueil des migrants: perspectives des travailleurs publics”
basée sur plus de 300 entretiens avec des employés des services primo
accueil, sociaux et santé dans 6 pays méditerranéens a fourni la toile
de fond des discussions.
Les
délégués syndicaux ont confirmé la détérioration des services publics,
l'imposition d'une efficience exclusivement quantitative au détriment de
la qualité du service, le manque de formation et d’information sur les
droits des migrants et la législation sur l’immigration, l’insuffisance
de médiateurs interculturels et d’interprètes. Sont aussi dénoncés, une
hiérarchie méfiante et un manque de coordination entre les différentes
administrations. Pour les migrants usagers, cela se traduit par des « longues files d’attentes, des démarches complexes et coûteuses ». Tout ceci participe à la déshumanisation aussi bien des salariés du public que des usagers migrants.
Il
s’agit aussi de travailler en amont sur les causes et les conséquences
de l’émigration, notamment les salaires trop bas provoquant la fuite des
cerveaux en Roumanie notamment dans le secteur des soins de santé.
Ces constats sont partagés par Mme Rocheteau de la Cimade qui précise que « le
problème ce ne sont ni les étrangers ni les agents publics mais des
politiques d’immigration qui complexifient et précarisent le parcours,
déjà difficile, du migrant. » Il est nécessaire de revenir à une
éthique du public et ne pas laisser les services publics entre les mains
des agences privées ou des réseaux mafieux.
Mme
Pavanelli conclut les travaux en soulignant l’importance de l’action
syndicale à plusieurs niveaux, tant sur le plan national, qu’européen et
international: la négociation collective pour de meilleures conditions
de travail, une formation adaptée, un personnel spécialisé et un
recrutement éthique, des campagnes pour la défense des droits des
migrants et des services publics de qualité. Enfin les syndicats doivent
continuer à défendre une politique d’immigration fondée sur le respect
de la dignité humaine et des droits fondamentaux y compris l’égalité de
traitement au travail. C’est aussi sur cette base que l’on peut lutter
efficacement contre la précarisation des migrants et la clandestinité
dont ils sont les premières victimes.
L’enquête
de Raffaella Greco sera bientôt disponible en français et en anglais
ainsi qu’un résumé des travaux de la conférence et les recommandations du groupe Euromed.
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