MARYLISE LEBRANCHU
MINISTRE DE LA REFORME DE L’ETAT,
DE LA DECENTRALISATION ET DE LA FONCTION PUBLIQUE
Dé c l a r a t i o n p r e s s e
Paris, le 4 septembre 2012
Bonjour à tous,
L’objet de ce point presse est de rendre
compte de cette présentation d’agenda social. Il s’agit de mettre en
oeuvre l’un des tout premiers engagements pris à l’issue de la grande
conférence sociale des 9 et 10 juillet derniers.
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Cette conférence avait permis de faire
un premier état des lieux. Nous avons défini les priorités des travaux à
mener dans la fonction publique, autour de quelques grandes
orientations fortes : qualité du dialogue social et prééminence de la
concertation, exemplarité des employeurs publics, amélioration des
conditions de carrière et de rémunération.
La réunion d’aujourd’hui avait pour but
de fixer le cadre concret de nos échanges avec les organisations
syndicales, dans un triple objectif : faire vivre un dialogue social de
qualité, traduire en actes les orientations ravaillées il y a deux mois,
et rendre concrets pour les agents et les citoyens les effets du
changement politique portées par le gouvernement Ayrault.
Les échanges que nous avons eus avec les organisations syndicales tout au long de l’été ont permis
d’enrichir ce calendrier. Ce document de
travail n’est pas figé : il est appelé à évoluer au fur et à mesure de
l’avancée de nos travaux.
***
D’ores-et-déjà, vous pouvez constater
avec ce document que le Gouvernement s’en tient à son engagement de
juillet de ne pas différer la discussion sur les sujets abordés lors de
la grande conférence sociale :
Dès le 15 octobre, nous ouvrirons avec
les organisations syndicales une concertation sur le bilan de la RGPP et
la mise en œuvre de la réforme de l’Etat.
Dans le grand chantier de rénovation de l’action publique, notre priorité sera de conforter les capacités
opérationnelles de l’Etat et de préserver ses moyens d’action au service des citoyens.
Nous voulons un service public
accessible, un Etat présent et efficace. Depuis mon arrivée, je découvre
une puissance publique désorientée, des fonctionnaires humiliés et des
élus impatients. L’Etat a été abîmé, diminué, rétréci.
C’est la raison pour laquelle le
président de la République a choisi de mettre fin à la réduction globale
des emplois dans la fonction publique et décidé de recréer les nombreux
postes qui ont été supprimés depuis cinq ans dans l’éducation, la
police et la justice. C’est une décision forte, qui engage l’avenir de
notre pays.
Ce sont les grandes priorités du quinquennat.
Dans les autres ministères, le Premier
ministre a demandé aux ministres de veiller à ce que les services
opérationnels, les échelons de proximité, soient protégés, là où ils ont
été systématiquement sacrifiés sous le gouvernement précédent.
Notre priorité sera de conforter l’action de l’Etat sur le terrain, au contact des usagers et des acteurs locaux.
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Il en va de la confiance de nos
concitoyens dans la puissance publique et de l’égalité d’accès de tous
au service public. Mais il en va aussi des conditions de travail de nos
agents, qui ont trop souvent subi la désorganisation des services et
souffrent aujourd’hui d’une perte de repères sur le sens de leur
mission.
Avec Jean-Marc Ayrault, nous défendons
un Etat fort, un Etat stratège, qui s’appuie sur les territoires et
restaure la confiance envers les agents pour mieux servir les citoyens.
Nous avons la nécessité de réécrire les missions de l’Etat :
- Pour un Etat simplifié, avec des services à l’écoute des usagers et de leurs besoins,
- Pour un Etat déconcentré, présent sur tout le territoire et proche des réalités,
- Pour un Etat équilibré, entre administrations centrales et administrations territoriales,
- Pour un Etat assaini, qui assume ses missions, en revenant sur l’externalisation
systématique de l’action publique mise en place par le gouvernement précédent.
Des réunions régulières sont donc programmées pour mettre en œuvre dans de bonnes conditions le
chantier de la réforme de l’Etat. Nous souhaitons assurer une veille permanente quant à l’impact des
décisions prises sur les conditions de travail des agents, mais aussi informer sur l’avancement du chantier de décentralisation.
***
Parallèlement, et conformément aux
engagements de la conférence sociale, nous ouvrons dès le début du mois
d’octobre une concertation sur les carrières, les parcours
professionnels et les rémunérations.
Je sais qu’il s’agit d’une attente forte
des agents. Notre volonté est d’écouter les syndicats pour établir un
diagnostic partagé des politiques menées au cours des dernières années.
Il nous faut donc travailler sur cette
question dans toutes ses composantes. Nous établirons un bilan partagé,
afin d’identifier les pistes d’évolution prioritaires. Cette question
doit être abordée globalement, et en toute transparence.
Notre préoccupation est celle de la
justice sociale et de l’équité, notamment en faveur des revenus les plus
modestes de la fonction publique.
Je présiderai personnellement les
premières réunions sur ces thèmes. Elles seront menées sans aucune
tentation d’évitement ou d’échappatoire.
Je l’ai dit tout à l’heure aux partenaires sociaux : « aucun sujet n’est tabou, mais il faudra être réaliste. »
Comme l’a dit le président de la République vendredi à Châlons, nous sommes devant une crise d’une
gravité exceptionnelle, mais dans cette
crise que nous traversons, la volonté du Gouvernement est bien de rompre
avec l’idée que la fonction publique est exclusivement une charge :
elle est le premier levier d’intervention de la puissance publique et
son action constitue d’abord une chance pour notre pays.
Il n’y aura pas de redressement sans
solidarité, c’est-à-dire sans service public. A condition qu’on sache
mobiliser les agents et préserver leurs capacités d’action, ce qui n’a
pas été le cas depuis cinq ans.
***
Au-delà de ces attentes immédiates, cet agenda social doit aussi être l’occasion de jeter les bases d’un
renouveau de la fonction publique dans les années à venir.
Quelle fonction publique voulons-nous ? Au service de quel objectif ? C’est la question à laquelle nous
devons répondre. Le calendrier des discussions est le reflet du projet que nous voulons mettre en œuvre.
Nous voulons tout d’abord refondre le
service public et retrouver le sens de son action. C’est pourquoi il
faut d’abord restaurer les valeurs du service public qui ont été
bafouées ces dernières années.
C’est à cette condition qu’il sera possible de conduire efficacement, avec les agents publics eux-mêmes, les
évolutions dont notre Etat a besoin.
La commission présidée par Lionel Jospin
rendra ses conclusions mi-novembre. Une concertation sera ensuite
engagée avec les organisations syndicales pour réaffirmer les valeurs et
les principes de l’action publique et revisiter les règles de
déontologie de la fonction publique.
Nous voulons des employeurs publics exemplaires, pleinement conscients de leur responsabilité sociale.
C’est le sens des discussions qui seront ouvertes sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les
hommes, l'amélioration de l'accueil et
de l'insertion des travailleurs handicapés, la gestion des âges et
l’accès des jeunes à la fonction publique et bien sûr la situation des
agents non-titulaires.
Cette fonction publique doit être plus
ouverte sur la société, plus représentative des citoyens qu’elle sert,
et ce jusqu'aux plus hauts niveaux de responsabilité. C’est une
condition essentielle de sa légitimité, et de la cohésion sociale à
laquelle elle contribue.
Il ne s’agit pas, dans ce domaine comme dans les autres, de s’en tenir à l’affirmation d’objectifs théoriques :
j’attends de ces travaux qu’ils
débouchent sur des mesures concrètes, qui traduiront, pour les agents et
les citoyens, cette évolution de notre fonction publique.
***
La gestion des ressources humaines doit
être au cœur de la modernisation publique et du dialogue social entre le
Gouvernement et les organisations syndicales. Délaissée ces dernières
années au profit d’une approche fondée sur une vision purement
quantitative de l’efficacité, elle doit être restaurée et placée au cœur
de nos préoccupations.
Ceci suppose de faire évoluer
radicalement certaines pratiques, pour aller vers une gestion plus
proche des fonctionnaires, tenant compte de leurs aspirations et de
leurs mérites.
L’amélioration des parcours de carrière
passe, en particulier, par la recherche d’une plus grande fluidité de la
mobilité choisie, dans et entre les fonctions publiques. Le
développement des passerelles tout au long de la vie fait partie de mes
priorités. Il faut pouvoir donner à un fonctionnaire qui le souhaite la
possibilité de changer de service, de métier, et d’enrichir son
expérience professionnelle. Cela passe notamment par la formation
professionnelle.
La révision des pratiques d’encadrement
des équipes, la restauration de relations professionnelles apaisées, et
l’ouverture d’une concertation sur l’amélioration des conditions de vie
au travail, figurent également parmi les thèmes centraux des discussions
que je propose aux organisations syndicales.
Nous devons restaurer la qualité des
communautés de travail qui composent l’action publique. L’accent mis
excessivement sur la notion de performance individuelle a, ces dernières
années, profondément détérioré le climat social dans les services de
l’Etat, créant des tensions, des souffrances individuelles qui ne sont
pas acceptables.
Sur tous ces sujets la réflexion se fera
sur la base de la concertation et de la négociation, car là aussi, nous
croyons au dialogue social et à la nécessité de le développer à tous
les niveaux et non pas uniquement au niveau central.
Faire de la politique c’est aussi une affaire de méthode.
La concertation ne doit pas être vue
comme un passage obligé mais comme un temps indispensable dans
l’élaboration et la mise en œuvre de l’action publique.
C’est au plus près des agents et des
usagers que nous souhaitons agir. Car c’est à ce niveau que se jouera la
réforme que nous appelons de nos vœux et qui est, pour les Français qui
nous ont fait confiance, une des expressions importantes du changement.
Je suis heureuse de continuer ce travail en présentant ce calendrier aujourd’hui.
Le Président de la République et le
Premier Ministre ont souhaité offrir un périmètre cohérent à ce
ministère indépendant formé de trois piliers rassemblés en un seul et
même objectif : construire la puissance publique du 21ème siècle.
C’est un objectif ambitieux que nous
construirons ensemble, Gouvernement, Etat, collectivités et agents des
trois fonctions publiques.
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